Haibane Renmei

Il était une fois...




...Une jeune fille tombée du ciel.
C'est l'effervescence dans la Vielle Maison, la communauté des Ailes Grises ou Haibane s'apprête à accueillir un nouveau membre, une nouvelle plume. L'œuf se fissure, une jeune fille s'éveille. Parce qu'elle a rêvé, dans son cocon, qu'elle tombait du ciel, elle s'appellera Rakka - tomber en japonais.
Sans autres souvenir que celui de son rêve, perdue dans ce monde mystérieux frappé d'interdictions, Rakka commence son apprentissage en tant qu’Aile Grise. Elle doit travailler, ne porter que des vêtements de seconde main, n'utiliser que des objets de récupération, ne pas avoir d'argent. Elle n'aura de cesse de chercher des réponses sur ce qui l’entoure (pourquoi la ville est-elle entourée d’une muraille infranchissable?), sa nature (qu'est-ce qu'un Haibane?) et le but de sa nouvelle vie.



A déconseillé pour ceux qui n'aiment pas les choses paisibles et calmes. Pour ma part, je trouve que Haibane Renmei est un vrai petit bijoux de poésie, de douceur. Dessins soignés, un monde envoûtant et des personnages fascinants et attendrissants. Une série courte mais prenante, Haibane Renmei est à la fois simple et complexe, poétique, mélancolique et dramatique, comme peuvent être les pensées des gens qui nous entourent.
Inutile de chercher d'intrigue dans Haibane Renmei, sur un rythme lent, Haibane Renmei nous raconte simplement le quotidien des gens jusque dans sa banalité. Cet univers empli de poésie vous capture dés la première image. Cela est rendu d’autant plus facile par l'empathie que ne manque pas de provoquer le personnage de Rakka. Comme elle, on débarque dans un monde dont on ne sait rien. Comme elle, on en découvre ses règles et ses limites. Et finalement comme elle, on en tire chacun nos propres conclusions.
C'est une série accessible à un large public mais devant être regardée petit à petit pour pouvoir en apprécier toute la finesse. Haibane Renmei aborde des questions existentielles que l'on est tous amené à se poser un jour : qui suis-je et pourquoi suis-je ici ?
La réalisation inspirée et sans esbroufe est d'un naturel saisissant et la qualité de mise en scène indispensable pour ce genre si particulier, impeccable. Il en va de même pour le graphisme, vraiment magnifique. On a le sentiment que les personnages évoluent sur la toile d'un maître dont le sens du détail serait au service du réalisme, et on savoure chaque plan le sourire aux lèvres. Les tons et les couleurs pastels sont très bien choisies et l'animation d'une fluidité sans faille dénote d'une réelle attention de la part des animateurs. L'OST est quand à elle à l'image de la série, d'une tranquillité et d'une beauté épatante convenant parfaitement à cette atmosphère envoûtante.

Toute tentative de décrire intégralement ce que j'ai pu ressentir devant cette série serait vaine. En effet malgré tout l'enthousiasme que l'on puisse y mettre, une expérience comme Haibane Renmei ne se raconte pas, elle se vie. Le plus pleinement et le plus intensément possible.



critique :

" Comme pour Lain, la série repose sur le caractère étrange du monde, mais cette fois-ci, c'est du côté du merveilleux de la fantasy qu'il faut se tourner et non de la science-fiction. Le monde est bizarre, avec ce mur gigantesque, ses règles obscures sanctionnée par une espèce de prêtre ermite. Rapidement, un jeu s'installe entre la série et le spectateur, parce que si les Haibane ont l'apparence d'anges, ce terme n'apparaît jamais dans les épisodes et aucune croix, aucun symbole chrétien n'apparaît. Toute la symbolique est propre au monde décrit.
Pourquoi des apparences d'anges, alors ? Parce que la notion de péché revient très souvent dans la deuxième moitié de la série, avec insistance. Il existe une différence entre les "bons" et les "mauvais" haibane, et c'est la manière de surmonter ses péchés. On pourrait croire à une forme de moralisation, mais le péché en question n'est pas lié à un comportement chrétien, mais à une attitude par rapports aux autres. Le pécheur est celui qui s'enferme sur lui-même, qui ne demande aucune aide et qui tente de résoudre ses problèmes et ses doutes en ne comptant que sur lui.

Remercier les gens pour ce qu'ils vous ont apporté constitue une démarche importante pour chaque Haibane, et la question de l'échange est fondamental dans la série. Que reste-t-il de quelqu'un si ce n'est ce qu'il a fait pour chacun ? Cependant, accomplir des bonnes actions ne suffit pas pour faire un "bon" Haibane. Il est possible d'aider les autres, de s'en occuper de manière sincère et dévouée tout en étant enfermé dans ses péchés. La plus grande faute, c'est de ne compter que sur soi-même, de ne pas accepter l'aide des autres, de ne pas assumer ses faiblesses et de refuser de les partager avec quelqu'un. C'est la force égoïste et orgueilleuse qui est le grand péché.
Le motif chrétien est présent en filigrane dans Haibane Renmei, mais jamais de manière prosélyte, c'est plutôt l'aspect moral, mais non moralisateur qui est à l'oeuvre ici. Il s'agit de dire que "Donner" aux autres ne suffit pas, et ne fait pas de quelqu'un une personne bonne et juste, il faut aussi savoir "Remercier", accorder à l'autre une place, une existence. Sinon, tout ce qu'on a fait de bien disparaît, finit dans l'oubli et l'on reste enfermé dans ses murs intérieurs, comme la ville de Haibane Renmei. "



note : 18/20

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l'ending