Dédicace au furet de Lille, rencontre avec Bernard Werber.

Rencontre avec Bernard Werber, Biwi pour les intimes.

Vendredi 13 novembre 2009

Le souffle est court. On a l’impression qu’une dizaine de personnes attendent déjà. Mais non : en franchissant les dernières marches, on se rend compte que ce ne sont que des lecteurs de mangas. On se demande quelles sont ces personnes qui attendent près du lieu de rencontre. Elles sont au moins une vingtaine. Peu importe : après quelques secondes d’hésitation, nous nous dirigeons vers l’avant, nous asseyant aux premières loges.

Et l’attente commence.

Les trois heures passent vite : la salle se remplit rapidement. Si bien que beaucoup se retrouvent sans siège. La file se prolonge dans les escaliers, il n’y a pas assez de places pour tous. Ça ne surprend personne.
Enfin, après une multitude d’annonces insupportables dans le haut-parleur, d’une attente ponctuée de frissons d’impatiente et d’appréhension, il arrive.

Je contemple Bernard Werber tout en applaudissant avec les autres. J’ai tellement l’habitude de le voir au travers un écran que j’ai l’impression que c’est toujours le cas. Mais non, c’est bien lui. Juste à quelques mètres. Il salut d’un signe de tête ses lecteurs. Il a le sourire facile.
Il essaye de parler dans un micro, qui ne fonctionne pas. Il parle avec les responsables, très à l’aise. Il a l’habitude d’être contemplé avec des yeux brillants faut croire.
On lui tend un micro – qui marche – et il commence ses explications. J’ai toujours adoré sa voix, à la fois douce et assurée. Je n’avais pas imaginé qu’il aurait une telle prestance par contre.
- D’habitude, je fais un dessin, une dédicace personnalisée. Mais aujourd’hui, je suis désolé, il y a trop de monde. Je me contenterais d’écrire votre prénom avec une signature. Mais je vous promets que tous auront une dédicace. Aujourd’hui, je préfère un peu pour tous plutôt que beaucoup pour une partie.
Il nous explique ensuite qu’on peut prendre une photo, mais sans le flash. Et si on est incapable de retirer le flash, il suffira de lui donner l’appareil, lui sait le faire. Quelques rires, sourire de Werber, et les signatures peuvent commencer. Je suis la quatrième à passer. J’ouvre mon livre, me rend compte que je n’ai plus une seule goutte de salive en avançant d’un pas. « Céline, tu n’es qu’une groupie ». Mes reproches à moi-même n’y font rien.
- World… yours ? dit-il en lisant mon t-shirt.
My world is yours ! ai-je envie de répondre avec un sourire en retirant cette fichu écharpe qui cache la moitié de l’inscription. Au lieu de ça, je souris, il y a un blanc et je lui tends mon livre.
- C’est… C’est pour Céline.
Je crois que j’ai dit c’est « pour » Céline, oui. Comme si je parlais de moi à la troisième personne. Il sourit, me le signe, remercie. Je retourne m’asseoir en pestant contre mon silence. De toute façon, que lui dire ? Que pour les rêveurs, il est un génie ? Que ses écrits m’ont tantôt fait hurler de joie, de colère, de satisfaction ? « Comme des centaines d’autres groupies ».

Je le regarde pendant qu’il termine ce qu’il a promit. Je compatie. Il se rend bientôt compte qu’il n’a plus le temps de prendre des photos ou de demander des prénoms ; il y a bien trop de monde. Il s’excuse à nouveau, signe, signe, et signe encore.

Au plus le temps passe, au plus je suis heureuse d’être ici. Biwi - Bernard Werber si vous préférez - dégage quelque chose de spécial. Un calme, une aura étrange, je ne sais pas. De temps en temps, nos regards se croisent, surtout lorsque quelqu’un semble passer cinq minutes avant de réussir une photo d’un Biwi à la fois amusé et pressé. Il a fait une promesse après tout. Il tape doucement du poing sur la table de temps en temps.

Mais Bernard Werber arrive à tenir sa promesse. Il se lève, demande si personne n’est caché sous l’escalier, et devant notre réponse négative, on peut enfin commencer la conférence.
- Vous pouvez vous installer devant, asseyez vous. Venez, n’ayez pas peur !
Quelques personnes à l’arrière se bougent.
- Créez une artère pour que le flux de personnes puisse circuler…, continue Bernard.
Je crois qu’il a un sourire amusé. Je crois. En tout cas, ce qu’il vient de dire ne surprend personne.
Mais avant de commencer, il sort son Iphone, nous prends en photo et fait une vidéo de nous.
- C’est pour l’album de famille. Parce que je ne vous oublierais pas. Après j’arrête mes bêtises, rajoute-t-il dans un marmonnement amusé en finissant son tour d’horizon.

Ce fut le moment le plus délicieux que j’ai connu depuis… depuis longtemps. Il n’a même pas besoin de livre pour nous faire rêver. Il nous fait réfléchir sur la situation du monde, sur nous, sur les autres. Il nous parle de Cassandre, d’imagination. Il saisit la moindre occasion, la moindre question pour aller beaucoup plus loin. Lorsqu’il évoque Gaïa, mon cœur fait un bon. Gaïa. Je frissonne. Pas de doute, ce type sera mon futur Gourou.
Puis il nous parle du temps qui passe.
Nous propose une petite expérience pour « saisir de temps ».
- Je me lève, j’ai besoin de tous vous voir.
Rire gêné et amusé de l’assistance.
Alors, sous sa voix douce et assuré, tous s’exécute. Notre cou se fige. Nous captons l’image dans son ensemble.
- Imaginez que vous regardez une photographie. Captez tous les petits détails, les couleurs. Vous pouvez bouger les yeux, mais pas le cou.
C’est ce que je fais. Une fissure sur le plafond me parait soudain passionnante. Et ce morceau de bois, fascinant ! Mais rien à faire : je ne détache pas mes yeux de Biwi finalement. Puis on passe à l’ouïe. Notre horizon s’élargie ; en plus de sa voix, nous percevons les claquements de portes au loin, la sonnerie d’un portique, la respiration des voisins et la nôtre. Puis les sensations. Je prends conscience que mon pied est coincé sous ma jambe, que mes habits ont finalement un poids que je perçois sans difficulté.
- On peut étendre l’expérience au goût et à l’odorat, mais on n’en finirait pas, termine-t-il avec son sourire, qui m’est désormais familier.
Mais c’est trop tard : j’ai figé la photo. Je peux me rappeler ce que j’ai ressenti. Tous mes sens développés pour « figer le temps »... Si j’ai déjà fait cette expérience auparavant, je n’avais jamais compris son intensité.

Le temps des questions est venu. Ce même temps qui passe beaucoup trop vite. J’ai l’impression qu’à peine dix minutes se sont enfuies depuis son arrivée.
- Combien de temps il nous reste ? Plus rien ?
Les bras tendus vers le ciel se baissent. La déception est presque palpable, mais on ne va pas empêcher Bernard Werber de prendre son train. On le remercie, il nous remercie, c’est un happy end émouvant.

J’ai du mal à quitter la sale, mais après tout, je me promets que ça ne sera pas la dernière occasion de le voir. Avoir une discussion et un débat intelligent, ça ne m’est pas arrivé souvent.

Mes pensées se dirigent vers mon manuscrit. Je saisis Mickaël par le bras, et murmure avec force :
- Il faut qu’on soit publiés.
Il le faut. Il le faut pour atteindre le rêve et la félicité. Pour que mon manuscrit, aussi puérile soit-il, puisse trôner fièrement au côté de Cassandre et des autres.

PS : Je n’ai certes pas retranscris avec justesse cet après-midi du vendredi 13. Ce ne sont que souvenirs et impression. Qu’importe après tout.

Dédicace au furet de Lille, rencontre avec Bernard Werber. Bernar10

Dédicace au furet de Lille, rencontre avec Bernard Werber. Bernar10

Messages : 30 Date d'inscription : 07/11/2009

Belle description des sensations que tu as pu ressentir en rencontrant un auteur comme Bernard Werberd, même si tu dis n'avoir pas tout retranscrit avec justesse Smile

C'est une belle rencontre que tu nous décris là. C'est agréable de pouvoir partager avec toi cette expérience au travers de ton texte.

Messages : 29 Date d'inscription : 18/11/2009 Age : 45 Localisation : tarn

je n'ai jamais lu ses livres, mais à force d'en entendre parler je vais m'y mettre.

Si tu veux faire cours, tu peux lire "Le livre du voyage".
A mon avis, tu vas comprendre si tu as envie d'en lire plus ou pas tout en ayant pas perdu de temps =)